samedi 28 septembre 2013

Les 30... et 1 ans de Taiyo no Ko Esteban

Aujourd'hui, tous les sites consacrés aux Mystérieuses Cités d'Or fêtent les 30 ans de la série... les 30 ans de la version française.
En effet, au Japon, la série nommée Esteban le fils du soleil (Taiyo no Ko Esteban) est plus vieille d'un an puisque le premier épisode a été diffusé le 29 juin 1982.

Etant donné que ce blog n'existait pas l'année dernière, j'en profite pour fêter avec les autres les 30 ans de la série... avec un an de retard.

Pour l'occasion, je vous propose de redécouvrir les génériques de début et de fin japonais.



Le générique de début que vous pouvez découvrir ici est identique au générique de début diffusé à l'époque avant chaque épisode.
J'ai sous-titré les chansons et surtout retranscrit dans notre alphabet les noms des créateurs de la série qui étaient inscrits initialement en kanji.

Pour le générique de fin, il faut savoir qu'au Japon, il était différent pour chaque épisode. Effet, l'équipe n'était pas la même d'un épisode à l'autre.
Le générique de fin que vous pouvez découvrir ici est donc un peu spécial. Il regroupe tous les noms présents dans les génériques de fin de 38 épisodes (n'ayant pas en ma possession le générique de fin de l'épisode 6).

Bon anniversaire et bravo à toutes les personnes qui ont participé de près ou de loin à cette fantastique série.

PS : Ce blog n'est pas vraiment destiné à recevoir ce genre d'informations, mais ce n'est pas tous les jours que sortent des livres consacrés à la série.

Si vous voulez découvrir des images exclusives de Taiyo no ko Esteban et d'autres dessins animés de la DIC (comme Ulysse 31 ou Inspecteur Gadget), je vous conseille le artbook "Les séries de notre enfance" de Maroin Eluasti et Nordine Zemrak. L'accent est mis sur les belles images inédites. Très beau.


Pour en savoir plus sur la conception de la série, je vous conseille le livre "Les Mystérieuses Cités d'Or : Les secrets d'une saga mythique" de Gilles Broché et Rui Pascoal. Entièrement consacré à ce dessin animé, il contient des infos inédites sur sa création. Passionnant.


mercredi 10 juillet 2013

Aurevoir, à bientôt...

Ce blog a commencé il y a quelques mois  et j'ai eu le plaisir d'être suivi par de nombreux fans.
Je vous remercie de m'avoir lu et de m'avoir laissé des commentaires.
Je n'ai pas parlé de toutes les différences entre la version originale japonaise de la série et son adaptation française. Mais, à partir d'aujourd'hui, j'arrête les mises à jour régulières de ce site. Si vous avez des questions, vous pouvez toujours me les poser. Je ferais un article récapitulatif des réponses de temps en temps.

Je voudrais profiter de cet article un peu spécial pour revenir sur le contenu de certains de mes articles.
J'aurais dû le préciser, mais les extraits de la version japonaise qui sont sur ce blog ne sont pas tirés de la version originale diffusée en 1982 au Japon. Ils proviennent de la version japonaise de 1998 dont la bande son a été réenregistrée.
Je pensais encore récemment que tout avait été refait à l'identique. Mais, grâce à un fan, j'ai appris que certains éléments de la bande étaient diffèrents. La plupart du temps, les musiques sont identiques. Par contre, quelques dialogues ont été changées. Quant aux bruitages, ils ont tous été refaits.
Enfin, il n'y a pas que la bande son qui a été modifiée. L'introduction de l'épisode 1 a également été remontée et raccourcie.

Je vous rassure : Le contenu de la majorité de mes articles demeure exact. 
Cependant, le contenu de 3 d'entre eux s'avère erroné et celui de 3 autres demande des précisions.
Je vous invite à en prendre connaissance et je vous prie de m'en excuser.
Les 3 articles au contenu erroné :
Les sons violents ou comment les français les ont censuré
Episode 30 ou quand les français rajoutaient des dialogues inutiles
Les bruitages ou comment les français ont cassé le suspense
Les 3 articles au contenu précisé :
Episode 1 ou les scènes coupées ou remontées par les français
Episode 2 et 3 ou comment les français ont fait halluciné Esteban
Episode 4 ou les scènes coupées par les français


Malgrè ces erreurs, j'espère que vous avez désormais une idée plus précise de ce qui sépare la version originale japonaise de l'adaptation française.
J'aimerais que les fans portent une plus grande estime au travail formidable des créateurs japonais.
J'espère qu'un jour, les scénaristes japonais seront crédités au générique de la série et que leur version originale sera enfin disponible en France sous une forme ou une autre (version 1982 ou version 1998).

Merci encore, et à bientôt.

dimanche 7 juillet 2013

Episode 2 et 3 ou comment les français ont fait halluciné Esteban

ATTENTION !
L'extrait de la version japonaise de cet article n'est pas tiré de la version originale diffusée en 1982 au Japon. Il provient de la version japonaise de 1998 dont la bande son a été réenregistrée. 
En ce qui concerne un des extraits de cet article, on peut noter une légère différence entre les deux versions. Elle est relevée dans l'article.

Quand les français sont arrivés sur le projet des Cités d'Or, les japonais étaient déjà en train de produire 6 épisodes de la série.
Les français ont retouché le montage de ces épisodes.


Nous avons déjà vu les cliffhangers disparus des épisodes 1, 4 et 5, les scènes coupées de l'épisode 1 et celles de l'épisode 4.
 
Dans cet article, nous allons aborder les derniers changements de montage dont je n'ai pas encore parlé. Vous vous souvenez que les français avaient faire des hallucinations à Esteban et Zia à la fin de l'épisode 1 (article sur les cliffhangers). Nous allons voir qu'ils ont de nouveau fait halluciner Esteban dans les épisodes 2 et 3.


Dans l'épisode 2, Esteban a le mal de mer.

Pour leur adaptation française, les français ont fait faire aux japonais une scène pour matérialiser ce malaise.
Comme vous pouvez la revoir grâce à vos DVDs, je me contenterais de l'illustrer par ces quelques captures d'écrans :


 
Cette scène commence par la sortie de la cabine d'Esteban. Ensuite, le personnage s'envole, le plancher du bateau se transformant en arc-en-ciel. Puis, Esteban survole une cité inca. Enfin la lumière éblouissante du soleil nous fait revenir à la réalité, face à un ciel étoilé.
 Cette scène psychédélique n'est pas présente dans la version japonaise.



Toujours dans l'épisode 2, Esteban voit la mer devenir jaune.

Pour leur adaptation française, les français ont fait faire aux japonais une autre scène supplémentaire.
Comme la précédente, je vous invite à revoir vos DVDs.



On voit d'abord Esteban en gros plan. Puis, le jaune de la mer prend la forme de bâtiments d'or avant de redevenir un nuage informe.

Cette nouvelle scène d'hallucinations n'est pas présente dans la version japonaise.
Par contre, il faut préciser que par la suite, le jaune de la mer se révèle être des papillons jaunes dans la version japonaise et française.



Dans l'épisode 3, Esteban regarde à travers un hublot des paysages inquiétants.

Pour voir ce que nous avons perdu dans l'adaptation, je vous propose de regarder un extrait de l'épisode 3 :



Dans la version originale japonaise, Esteban est terrifié en découvrant des épaves de bateau. Il sait qu'il risque d'avoir le même destin.
Dans la version originale japonaise de 1982, quand Esteban rentre la tête dans ses épaules avec un air effrayé, il dit : "Ce sont des épaves".

Pour l'adaptation française, les françaises ont fait faire une nouvelle scène d'hallucinations. La peur d'Esteban ne vient plus d'un danger réel, représenté par les épaves, mais de son imagination qui lui fait voir des monstres au milieu des épaves.





Ce qui est intéressant, c'est de voir comment les auteurs japonais de la série ont traité la seule scène d'hallucination présente dans leur version. C'est une hallucination qui est aussi présente dans l'adaptation française.

Dans l'épisode 27, après que Tao ait parlé de la forêt de statue de terre, Esteban croit l'apercevoir.
Je vous invite à visionner cette scène grâce à vos DVDs.












Esteban écoute d'abord Tao, puis se tourne face à la jungle. Des images de jungle défilent. Puis, la caméra se fixe sur quelques arbres qui se mettent à bouger. Alors, en fondue, des statues de terre apparaissent et suivent le mouvement des arbres. On revient sur Esteban qui secoue la tête et regarde à nouveau les arbres. Les statues ont disparu.

On peut voir avec quelle prudence le réalisateur japonais, Ryo Tachiba, traite l'hallucination d'Esteban.
Par exemple, les arbres sont toujours visibles sous les statues. Ainsi, la vision en elle-même ne prend pas le dessus sur la réalité.  De plus, elle est très courte.
Enfin, le réalisateur nous montre bien qu'Esteban a conscience de "rêver". Le personnage se secoue la tête et voit que les statues ont disparu. Le téléspectateur pense donc que c'était juste un moment passager d'égarement du personnage.

Dans les épisodes 2 et 3, la façon de montrer les hallucinations d'Esteban est clairement différente. Les hallucinations sont plus nombreuses, plus fortes, plus longues et on ne voit pas le personnage en sortir. Ca peut laisser penser qu'Esteban a un problème. Car à part pour l'hallucination due au mal de mer, les autres restent inexpliquées. Esteban a-t-il des troubles de la vision ? Trop d'imagination ? Est-il envouté ?
En plus, par la suite, le personnage n'aura plus d'hallucinations (exception faite de l'épisode 27) et on peut aussi se demander pourquoi.
Bref, ce n'était pas forcément une mauvaise idée de créer ce genre de moments poétiques, mais, leur intégration au récit me paraît un peu maladroite.

mercredi 3 juillet 2013

Episode 7 ou quand les lecteurs sont perdus dans l'adaptation

ATTENTION !
L'extrait de la version japonaise de cet article n'est pas tiré de la version originale diffusée en 1982 au Japon. Il provient de la version japonaise de 1998 dont la bande son a été réenregistrée. 
En ce qui concerne l'extrait de cet article, il n'y a pas de différence notable entre les deux versions.

Aujourd'hui, je réponds à la question d'une lectrice.
Dans l'épisode 4, Gaspard disparaît. Aggripé à un tonneau, il se fait emporté par le courant (extrait visible dans cet article). Ce qui a étonné cette lectrice, c'est que Gaspard revient dans l'épisode 7 sans aucune explication. Elle s'est demandée si une scène avait été coupée...

Pour voir ce que nous avons perdu dans l'adaptation, je vous propose de regarder cet extrait :



Dans la version originale japonaise, Gaspard entame une conversation avec Gomez et dit qu'ils ont eu de la chance. On le sent gêné. Sans doute parce qu'il sait que Gomez l'a abandonné lors du naufrage. Gomez se confesse alors. Puis, c'est au tour de Gaspard de raconter ce qu'il a vécu de son côté.
Ce dernier répétant encore qu'ils ont eu de la chance, Gomez le contredit en le ramènant à la réalité présente : ils ont perdu Zia et, en conséquent, ça va être dur de faire face à Pizarro.
A ce moment-là, la vigie les coupe en signalant la présence d'un bateau. C'est un nouveau coup de chance, car nous ne le savons pas encore, mais Zia est à bord de l'embarcation.
Ainsi, il apparaît clairement que les scénaristes japonais, Mitsuru Kaneko, Mitsuru Majima et Soji Yoshikawa, ont construit cette scène autour de la chance. C'est par ces mots que, gêné, Gaspard entame la conversation. Suite à sa répétition, Gomez revient à leur situation présente. Et enfin, les deux personnages ont de nouveau un coup de chance.

Dans l'adaptation française, la conversation est centrée sur la situation présente des personnages. Les seules bribes de passé sont le rappel de la disparition de Zia et celle de tout l'équipage. Pas un mot sur le retour de Gaspard. Il revient donc sans explication.
On perd également la construction de la scène autour de la chance.
Et pourquoi avoir changé des dialogues écrits avec talent, me demanderez-vous ? Nul ne le sait. Peut-être que les français ont voulu justifier le fait qu'ils étaient crédités au générique en tant qu'auteur du scénario à la place des scénaristes japonais.




Comme trop souvent, les français chargés de l'adaptation de la série ont modifié les scénarii en les altérant, au lieu de les améliorer. Pourtant, le travail des auteurs japonais étaient (et restent) d'une grande qualité. Espérons qu'un jour, les éditeurs de DVD fassent l'effort d'inclure à leurs prochaines rééditions une version originale sous-titrée.

NOTA BENE : Généralement, les téléspectateurs n'apprécient pas que les héros aient trop de chance. Ils le ressentent comme une facilité des auteurs, car ce qu'il les intéresse, c'est justement de voir comment les héros se sortent des moments difficiles. Par contre, si les méchants ont de la chance, c'est mieux accepté, car c'est la perspective de moments difficiles pour les héros et donc de moments intéressants à regarder pour les téléspectateurs.

samedi 29 juin 2013

Episode 37 ou une grosse contradiction de l'adaptation française

ATTENTION !
L'extrait de la version japonaise de cet article n'est pas tiré de la version originale diffusée en 1982 au Japon. Il provient de la version japonaise de 1998 dont la bande son a été réenregistrée. 
En ce qui concerne l'extrait de cet article, il n'y a pas de différence notable entre les deux versions.

 
 
Dans ce blog, nous avons vu que la série "Taiyo no Ko Esteban" a beaucoup perdu en devenant "Les Mystérieuses Cités d'Or". En modifiant les scénarii de Mitsuru Kaneko, Mitsuru Majima et Soji Yoshikawa, les français ont par exemple ajouté de nombreuses contradictions. Aujourd'hui, je vais vous montrer celle que je considère comme la plus importante.

Pour voir ce que nous avons perdu dans l'adaptation, je vous propose de voir un extrait de l'épisode 37 :



Dans la version japonaise, le Grand Prêtre dit que c'est uniquement aux possesseurs des médaillons de choisir ce qu'il adviendra du Grand Héritage et du sort du monde.

Dans la version française, les dialogues ont été changés pour être plus précis. Ce choix est confié aux possesseurs des médaillons qui ont "des mains pures, des mains d'enfants".

Ce changement opéré par les français peut paraître anodin, mais il rentre en contradiction de trois façons différentes avec le contenu de la série.

La contradiction factuelle


Quand les Mayas se soulèvent contre les Olmèques, Esteban et Zia décident de mettre de côté la recherche de la cité d'or pour prendre parti et partir à la guerre. 
Ainsi, dans l'épisode 34, Esteban, Tao et Zia bricolent le Grand Condor pour larguer des pierres sur leurs ennemis. C'est un symbole fort : ils prennent un engin que l'empereur de Mû a conçu pour être un moyen de transport pacifique pour le transformer en arme de guerre.

C'est certain qu'Esteban et Zia ont de bonnes raisons de faire la guerre aux Olmèques, mais je suis sûr aussi que participer à une guerre ne laisse pas les "mains pures".


Les contradictions matérielles

Pour atteindre la Cité d'Or, l'empereur de Mu a confié deux moyens de transport aux possesseurs des médaillons : le Ra Mu Go (Solaris en français) et le Grand Condor. Les deux possèdent des commandes qui n'ont pas été prévues pour des enfants.



D'abord, la cabine de pilotage du Ra Mu Go dispose d'une barre trop grande pour eux, au point qu'Esteban et Tao se mettent à deux pour la tourner. Quant aux manettes dans la cabine ou celle du cube, elles aussi ont été placées trop hauts pour des enfants.

Il en est de même pour le système d'ouverture de Sierra, la cité où les enfants ont trouvé le Grand Condor. Pour atteindre la poitrine de Pachamama dans laquelle il faut insérer les médaillons, il faut 2 adultes. Ou 4 enfants. En ce qui concerne les commandes de l'oiseau d'or, ses sièges ont visiblement été conçus pour accueillir 3 adultes.

 
Tous ces détails sous-entendent que, contrairement à ce qui est dit dans la version française de l'épisode 37, l'empereur de Mu pensait que les possesseurs des médaillons seraient des adultes.
Ca se comprends au vu des embuches et des énigmes qui se trouve sur le chemin des cités d'or.

Par contre, on peut se demander pourquoi les auteurs japonais sont-ils allés aussi loin dans le détail ? Pourquoi ont-ils tenu à souligner le fait que les enfants poursuivent un chemin qui avait été tracé pour des adultes ?

La contradiction intellectuelle

La série nous raconte l'histoire de trois adolescents (au début de la série, Zia, Esteban et Tao ont respectivement 11, 12 et 13 ans). Ces adolescents traversent des épreuves qui les font grandir. C'est le sens des dernières paroles du Grand Prêtre :  "Pour grandir, un fils doit aller plus loin que son père." (épisode 39). Et nous l'avons vu dans l'article précédent, mais Esteban en a conscience dès le début.

Il suit le chemin tracé par son père, du naufrage à la cité d'or. C'est dur, mais il s'accroche et c'est ce qui le fait grandir. Ainsi, il perd son vertige.
Zia aussi suit les traces de son père. Elle traversera l'épreuve que représente sa perte et elle prendra sa suite en faisant la guerre aux Olmèques.
C'est ce qui fait de la série un récit initiatique.




Dans ce contexte, on peut voir Mendoza comme un père de substitution pour Esteban.
Il le devient à partir du moment où le père d'Esteban lui donne son enfant. Mais il n'en prendra conscience qu'à la fin de la série. Dans l'épisode 35, il confie à Pedro et Sancho qu'il a aimé protéger Esteban pendant toute l'aventure.
Et alors qu'il prend à peine conscience de son instinct paternel, c'est le moment où son enfant le quitte. C'est le sens de la dernière scène de la série. Alors qu'il y aurait de la place pour Mendoza dans le Grand Condor, Esteban et Zia partent seul avec Tao.
Ils n'ont plus besoin d'être protégés par un adulte, car ils sont des adultes et doivent suivre leur propre chemin...

Après cette analyse, la contradiction dans les propos français du Grand Prêtre est évidente. Parler d'enfants alors que toute la série nous raconte comment ils passent à l'age adulte, c'est une grosse contradiction.
A contrario, les propos japonais du Grand Prêtre est l'aboutissement logique du parcours initiatique d'Esteban et Zia. En leur confiant le Grand Héritage et donc le sort du monde, il prend Esteban et Zia pour des adultes.


 
Cet écart des français vis-à-vis du script japonais est intéressant.
Bien sûr, cela démontre (une fois de plus) que les français ne savaient pas exactement ce que racontait la série quand ils l'ont adapté.
Mais c'est aussi révélateur du regard qu'ils portent sur l'enfance. Alors que l'enfant est un adulte en devenir pour les créateurs japonais, il est un être pur et innocent pour les français. C'est cette différence de point de vue qui explique la censure et l'édulcoration de l'adaptation française de la série.

mercredi 26 juin 2013

Episode 4 ou les scènes coupées par les français

ATTENTION !
Les extraits de la version japonaise de cet article ne sont pas tirés de la version originale diffusée en 1982 au Japon. Ils proviennent de la version japonaise de 1998 dont la bande son a été réenregistrée. 
En ce qui concerne un des extraits de cet article, on peut noter deux légères différences entre les deux versions. Elles sont relevées dans l'article.

 
Quand les français sont arrivés sur le projet des Cités d'Or, les japonais étaient déjà en train de produire 6 épisodes de la série.
Les français ont retouché le montage de ces épisodes.

Nous avons déjà vu comment ils avaient supprimé les cliffhangers au profit de fins heureuses et les scènes qu'ils ont coupés ou remonté dans le premier épisode.
Dans cet article, nous allons voir les changements qu'ils ont effectué sur l'épisode 4.

Dans cet épisode, l'Esperanza coule. Mendoza se rend dans la cale du bateau pour sauver Esteban et Zia qui y ont été enfermés. Les français ont coupé un morceau de cette scène de suspense.

Pour voir ce que nous avons perdu dans l'adaptation, je vous propose de regarder un premier extrait de l'épisode 4 :


Dans la version originale japonaise, une voie d'eau se déclare. Esteban l'a signale, mais il est trop tard et Mendoza et Gaspard sont emportés par le courant. Esteban tente tant bien que mal de retenir Mendoza. A l'extérieur, le commandant Gomez attends son second Gaspard, mais pressé par le temps, il finit par l'abandonner. Enfin, un plan nous montre que Mendoza s'en est sorti.

Dans l'adaptation française, il y a une petite erreur : Esteban ne signale plus la voie d'eau, mais la remontée de Gaspard sur le tonneau. Les plans coupés concernent Mendoza. Il n'est plus emporté par le courant et Esteban n'essaie plus de le retenir. Du coup, les télespectateurs très attentifs se seront peut-être demandés pourquoi Mendoza ressort la tête de l'eau. Mais surtout, cela réduit le suspense de la scène, Mendoza n'étant plus en danger.
On ne voit pas non plus Gomez hésité à partir. C'est dommage car cela montrait son attachement à Gaspard, qui bientôt ne le quittera plus.




Après que l'Esperanza ait coulé, les personnages se retrouvent sur un radeau à la dérive.
Pour voir ce que nous avons perdu dans l'adaptation, je vous propose de regarder un montage de 2 extraits de l'épisode 4.
Dans le premier extrait, Zia confie un secret à Esteban qui, par maladresse, risque de réveiller Sancho et Pedro.
Dans le deuxième extrait, Esteban appelle Mendoza. Sancho et Pedro se réveille cette fois.
Voici le montage :


Dans la version originale japonaise, Sancho fait visiblement un rêve érotique. C'est drôle car il enlace Pedro comme s'il était une femme. Ca l'est tout autant de voir, un peu plus tard, les deux espagnols surpris de se réveiller dans les bras l'un de l'autre.
Les auteurs japonais ont très bien utilisé cette situation pour nous faire rire deux fois.
Dans la version originale japonaise de 1982, Esteban ne disait pas "Chimu", mais "inca". Plus intéressant dans le cadre de cet article, Sancho ne disait pas "Nathalia", mais "maman" quand il enlace Pedro. Son rêve à l'origine n'était donc pas érotique. Il l'est devenu lors du redoublage de la série en 1998. 

Dans l'adaptation française, on ne distingue plus ce que dit Sancho, affaiblissant le comique de la situation. Quand au plan où il se réveille avec Pedro, il a été purement et simplement coupé.
Du coup, la scène est moins drôle.


Après avoir attaqué par des requins, les personnages continuent à dériver, sans but, à bord du radeau. A ce moment-là, les français ont coupé un morceau de la scène.
Pour voir ce que nous avons perdu dans l'adaptation, je vous propose de regarder une 3ème vidéo de l'épisode 4 :


Dans la version originale japonaise, Sancho et Pedro se plaignent (comme d'habitude !). Puis, on voit Esteban parlait de son père à Zia. C'est une scène très simple au niveau de l'animation, mais on peut voir un petit détail intéressant : dans le fond, Mendoza se tourne quand Esteban évoque son père. Ce détail peut nous laisser penser qu'il s'intéresse à la conversation.
Quoiqu'il en soit, Esteban dit que son père a dû dériver comme lui. Mais ce qui est remarquable est qu'il rajoute vouloir se battre plus que lui. Cette réplique peut paraître anodine, mais elle est très importante. Elle fait écho à une des dernières phrases que lui dira son père 35 épisodes plus tard : "Pour grandir, un fils doit aller plus loin que son père." (épisode 39).

Dans l'adaptation française, Sancho et Pedro ne se plaignent plus. A la place, les français ont mis la conversation d'Esteban et de Zia. Ainsi, cette échange n'a plus droit à des plans rapprochés et on ne voit plus le soucis du détail dans l'animation de Mendoza.
Mais surtout, la conversation est écourtée et la phrase d'Esteban sur la combativité a disparu. Les changements opérés par les français donnent l'impression qu'ils ont voulu expédier cette conversation.




Cette coupe a certainement été décidée pour une question de rythme. D'ailleurs, les français trouvaient la fin de l'épisode tellement calme qu'ils ont fait ajouté une scène d'action. Cette scène n'existe pas dans la version originale. C'est une attaque de requin. Pour être précis, c'est la deuxième attaque de requins dans cet épisode, ce qui est un peu redondant.

Je n'en ai pas fait de vidéo, car vous pouvez voir cette scène dans vos DVDs. L'illustration ci-dessous vous montre quelques plans qui la composent :




 Les français ont fait un dernier changement de montage, comme vous avez pu le voir dans l'article sur les cliffhangers.
Cet épisode, réalisé par Ryo Tachiba, ne fait pas partie des meilleurs de la série. Mais il est dommage que certains passages intéressants aient été perdus dans l'adaptation...

samedi 22 juin 2013

Episode 30 et 33 ou comment les français ont changé les origines des Olmèques

ATTENTION !
Les extraits de la version japonaise de cet article ne sont pas tirés de la version originale diffusée en 1982 au Japon. Ils proviennent de la version japonaise de 1998 dont la bande son a été réenregistrée. 
En ce qui concerne les extraits de cet article, il n'y a pas de différence notable entre les deux versions. 

 

Dans la série, il est souvent question de l'empire de Mû. Par contre, on ne nous parle de l'Atlantide qu'une fois dans l'épisode 37... Du moins, dans la version française. Aujourd'hui, nous allons voir comment les français ont changé les origines des Olmèques.

Pour voir ce que nous avons perdu dans l'adaptation, je vous propose de voir un extrait de l'épisode 30 :




La différence entre la version originale japonaise et l'adaptation française est minime.

Les français ont juste éliminé la provenance des ancêtres des Olmèques : l'Atlantide.
Sans doute, qu'ils n'ont pas compris ce que venaient faire là ce continent perdu dont il n'avait jamais été question auparavant.
 
Ou peut-être ont-ils voulu que les Olmèques deviennent des cousins de Tao, descendant de Mû ?
Je vous propose de voir un extrait de l'épisode 33, pour voir ce que nous avons perdu dans l'adaptation :




Il y a deux différences importantes.

Comme nous l'avons vu dans un autre article, les français n'ont pas adopté de suite l'expression "Grand Héritage" et le temps d'un épisode, ils l'ont appelé "Trésor".

La deuxième différence est que dans la version originale japonaise, Metonaru (Menator en français) est un descendant de l'Atlantide et qu'en conséquence, il parle de la légende des cités d'or, avec une certaine distance.

Dans l'adaptation française, les français lui ont fait dire "nos ancêtres" au lieu de "l'empereur de Mu". Du coup, les Olmèques sont devenus des descendants de l'Empire de Mu.




Cela pose plusieurs problèmes.
Le premier est que les Olmèques se retrouvent à chercher la cité d'or qui a été construite par leurs ancêtres. Dans la version originale japonaise, les Olmèques font partie des adversaires de l'Empereur de Mu. Il est normal qu'ils ne possèdent aucun indice pour trouver la cité d'or.
Par contre, s'ils deviennent des descendants de l'Empire de Mu au même titre que Tao, il est curieux qu'ils ne sachent pas du tout la localiser. Surtout qu'elle se trouve juste à côté d'eux !

Le deuxième problème est que l'on perd un lecture très intéressante de la fin de la série.
En effet, si les Olmèques deviennent des descendants de l'Atlantide, alors ils sont les adversaires de l'Empire de Mu et par conséquent, de leur dernier ancêtre connu Tao.
Donc la fin de la série nous présente le combat entre l'Atlantide et Mu. La bataille aérienne entre le Grand Condor et le vaisseau des Olmèques dans l'épisode 35 prend alors un sens plus profond...


Les japonais n'ont pas plus exploité cette idée que ça. Mais comme je trouve ce sujet passionnant, je vous propose de prolonger l'analyse en utilisant les rares indices à notre disposition.

Dans l'épisode 18, Esteban dit que Kuraka (Kraka en français) pense que la cité d'or a été construite par les ancêtres des incas. Tao en déduit que les incas sont peut-être des descendants de l'Empire de Mu.

Cet indice est intéressant mais il y a mieux. Dans l'épisode 37, le Grand Prêtre de la cité d'or raconte la guerre qui a opposé l'Atlantide et Mu.
Ce personnage dit que le continent de Mu se trouvait au milieu du Pacifique. Sur les images qui illustrent son récit, nous voyons des gens qui ressemblent aux incas et aux mayas de la série. On a la confirmation que les incas et les mayas sont des descendants de l'Empire de Mu. Du coup, Esteban et Zia en sont aussi, eux qui ont au moins un parent inca !

On pouvait s'en douter. L'Empereur de Mu a logiquement caché le Grand Héritage dans une région proche et ami de son continent. En temps de guerre, il aurait été bête de confier cette puissance à ses ennemis.

Si c'est logique que la cité d'or soit construite sur un ancien territoire de Mu, ça l'est tout autant que la base des Olmèques le soit sur un ancien territoire de l'Atlantide.
Selon toute vraisemblance, la fin de la série se passe donc sur la frontière entre la civilisation atlante et la civilisation de Mu.

Mais le plus fascinant est que la guerre qui se produit à la fin de la série est plus large que ce dont on pouvait se douter. Il s'agit d'une guerre de grande échelle entre des descendants de Mu (Esteban, Zia, Tao, mayas) et des descendants de l'Atlantide (les Olmèques).
L'histoire se répète !
Représentant la sagesse de l'Empereur de Mu, le Grand Prêtre, lui, demande à chaque opposant de faire la paix.
 
Parlons maintenant des espagnols.
Toujours dans l'épisode 37, le Grand Prêtre raconte que le continent de l'Atlantide se trouvait au milieu de l'Atlantique. Sur les images qui illustrent son récit, nous voyons une civilisation qui ressemble à celle des romains et des grecs. 

On peut donc supposer que les européens sont des descendants des atlantes. Cela fait des conquistadors espagnols  les ennemis héréditaires des incas et des mayas.
La conquête du pays inca serait donc aussi une reproduction de la guerre entre Atlantide et Mu.
 
Quant à l'espagnol Mendoza, aider Esteban et Zia fait de lui un traître. Comme l'indienne Marinche en est une aussi en s'alliant avec les Olmèques.






Le scénario de Taiyo no ko Esteban (Les Cités d'Or) est si riche qu'il contient de nombreux niveaux de lecture. Nous ne le dirons jamais assez, mais nous le devons aux scénaristes japonais : Mitsuru Kaneko, Mitsuru Majima et Soji Yoshikawa.
L'adaptation française pose plus de problèmes pour être analysée, à cause des incohérences, erreurs et fantaisies qui se sont malheureusement glissées dans la traduction.