mercredi 12 juin 2013

Les bruitages mystérieux ou comment les français les ont recouvert de musique

ATTENTION !
Les extraits de la version japonaise de cet article ne sont pas tirés de la version originale diffusée en 1982 au Japon. Ils proviennent de la version japonaise de 1998 dont la bande son a été réenregistrée.
En ce qui concernent les extraits de cet article, il n'y a pas de différence notable entre les deux versions. 




Aujourd'hui, je vais vous reparler de bruitages.
Souvenez-vous, dans un premier article, nous avions vu que les français les avaient retiré pour atténuer la violence de la série. Dans un second article, qu'ils avaient cassé le suspense de certaines scènes.
Cette fois, je vais vous montrer comment les japonais se sont servis des bruitages pour créer du mystère et une attente. Et comment les français les ont recouvert de musique pour les faire disparaître.

On commence par l'épisode 7. Mendoza explore le bateau de Ra Mu (le Solaris en français).
Dans une salle, il trouve un cube mystérieux.
Pour savoir ce que nous avons perdu dans l'adaptation, je vous propose de regarder l'extrait de l'épisode 7 :



Dans la version originale japonaise, la musique se calme pour nous faire partager ce qu'entends Mendoza. C'est un son étrange qui nous laisse penser qu'il y a quelque chose à l'intérieur du cube. Mizuho Nishikubo, le réalisateur de l'épisode, titille l'imagination du téléspectateur. Ce dernier est ainsi invité à résoudre lui-même ce mystère en attendant qu'il le soit par les personnages de la série.

Dans la version française, la musique est trop forte. Elle ne nous permet pas d'entendre le son provenant du cube. Du coup, on se dit juste que Mendoza n'a rien entendu et le mystère s'amincit.




On continue avec l'épisode 13. Esteban, Tao et Zia cherchent Mayuka, un vieil inca. Pour ce faire, ils sont guidés dans la montagne par des enfants.
Pour savoir ce que nous avons perdu dans l'adaptation, je vous propose de regarder un montage de deux scènes de l'épisode 13 :



Dans la version originale japonaise, les personnages sont surpris par un son qu'ils n'arrivent pas à identifier. Le réalisateur Hisayuki Toriumi nous montre en gros plan les visages de chaque enfant. Cela renforce le mystère autour de ce bruitage; et comme dans l'exemple précédent, l'imagination du téléspectateur est mise à contribution.
Quelques minutes plus tard, on découvre que ces sons étaient produits par le travail de Mayuka, l'inca que les enfant recherchent.

Dans la version française, la musique est encore trop forte, mais cette fois, on entend un peu le bruitage mystérieux de la vo. Cependant, les français ont modifié les dialogues pour que les enfants ne les remarquent pas. Du coup, on a du mal à comprendre pourquoi Esteban, Tao et Zia font ces têtes quand ils entendent les petits incas les appeler. Et on a perdu aussi du mystère...




On finit par l'épisode 18. Pedro et Sancho ont découvert un passage secret que les personnages vont explorer tous ensemble.
Pour savoir ce que nous avons perdu dans l'adaptation, je vous propose de regarder un montage de deux scènes de l'épisode 18 :



Dans la version originale japonaise, Pedro et Sancho paniquent à cause de bruits étranges qu'ils ont entendu dans un couloir souterrain. Une fois, à l'intérieur, tout le monde, y compris le téléspectateur l'entend, Zia remarquant même que le son devient de plus en plus fort. L'inquiétude gagne Mendoza quand il découvre que c'est le bruit de la lave en fusion.
Comme dans les autres exemples, ce son n'est pas identifiable toute suite. Il devient ainsi mystérieux et fait travailler l'imagination du téléspectateur. Mais cette fois, il inspire aussi un sentiment : la peur. On peut remarquer qu'elle gagne petit à petit le groupe, commençant par les plus peureux pour finir par le plus courageux, Mendoza. Mizuho Nishikubo, le réalisateur de l'épisode, a créé un suspense.

Dans la version française, les dialogues sont les mêmes, sauf qu'une fois dans le passage secret, le téléspectateur n'entends pas le bruit dont parlent tous les personnages. Une nouvelle fois, les français ont mis une musique tellement présente qu'elle masque la plupart des bruitages. Le téléspectateur a de quoi être étonné... ou de quoi penser qu'il est devenu à moitié sourd.




Les bruitages ont de multiples utilités dans une mise en scène. Dans ces trois exemples, les réalisateurs Hisayuki Toriumi et Mizuho Nishikubo s'en sont servis pour créer du mystère et faire travailler l'imagination du téléspectateur. Pourquoi les français les ont recouvert de musique pour ne plus les entendre ? Je n'y vois pas de raison. Ce qui est sûr, c'est que cela dessert la mise en scène travaillée des japonais.

1 commentaire:

  1. Constatant à quel point ces séries animées sont SATURÉES de musique : une réponse en forme de questions (et qui, au passage, irradie aussi sur la très grande majorité des séries "adaptées" par Haim Saban, Bruno-René Huchez - alias Hubert Chonzu - ou Jean Chalopin) : est-ce que vous imaginez ce que RAPPORTENT les droits SACEM sur des diffusions télévisées ? Est-ce que vous savez que les-dits droits sont calculés sur une estimation du TEMPS de diffusion des musiques, proportionné en moyenne sur chaque épisode ? Est-ce que vous mesurez qu'il s'agit là de droits dits PROPORTIONNELS ? Et, mathématiquement, ce que ça a pu leur rapporter sur quelques trente ans de diffusion télévisuelle, VHS, DVD, maintenant VOD ?... Partant de ces éléments, si vous étiez ou Chalopin, ou Huchez, ou Saban, ou d'autres, n'auriez-vous pas été tenté, à l'époque, d'insérer un MAXIMUM de temps de musique, officiellement écrites en France, parfois effectivement écrites en France, sur chaque épisode de toutes ces séries d'origine japonaise ??... Mmh ? En biologie, on nomme cela une phagocytose : j'absorbe et je grossis.
    Tout ceci n'est que suppositions, postulats, bien entendu.... :)

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