dimanche 21 avril 2013

Episodes 10 et 17 ou comment les français ont édulcoré la mort

ATTENTION !
Les extraits de la version japonaise de cet article ne sont pas tirés de la version originale diffusée en 1982 au Japon. Ils proviennent de la version japonaise de 1998 dont la bande son a été réenregistrée.
En ce qui concerne les extraits de cet article, il n'y a pas de différence notable entre les deux versions. 




Ca fait un certain temps que je n'ai plus parlé de la bande son de la série.
Pour ceux qui nous rejoignent, il faut savoir que les français ont refait les musiques de la série parce que celles de la version japonaise ne leur plaisaient pas.
Dans mes articles, je ne juge pas de la qualité des musiques, mais de leur utilisation.

Tout ça pour dire que cette semaine, nous allons voir comment les français ont édulcoré la mort de certains personnages grâce à la musique et à la bande son en général.

Pour savoir ce que nous avons perdu dans l'adaptation, je vous propose de regarder un extrait de l'épisode 10 :



 Dans cette scène, Pacha a déclenché le mécanisme d'auto-destruction de son temple souterrain. Sancho, qui l'a porté sur son dos pendant une partie de l'épisode, s'inquiète pour lui et se porte à son secours.

Dans la version originale japonaise, la scène est accompagnée d'une musique triste. Le réalisateur de la série Hisayuki Toriumi ne cache pas au spectateur que c'est triste de voir Pacha disparaître avec son temple.
Dans cet épisode, un de mes préférés, le personnage de Sancho prend un peu d'épaisseur. Bien sûr, il s'intéresse à Pacha par intérêt, mais sa dernière réplique montre qu'il y avait aussi de la sincérité dans sa démarche. En tout cas, c'est comme ça que j'interprète le poignant "Pépé !" qu'il lâche à la fin.

Dans la version française, la musique mystérieuse transforme la scène. Ce n'est plus une scène d'adieu, mais une scène comme les autres. La réplique spontanée de Sancho disparaît, faisant perdre au personnage son côté émouvant et dédramatisant un peu plus la scène.

Ainsi, si les français n'ont pu caché complètement la mort de Pacha, ils ont atténué au maximum la tristesse qui pouvait s'en dégager. Ils avaient peurs, sans doute, d'attrister les enfants.



Sur le même thème, je vous propose de regarder un extrait de l'épisode 17 :


 Avant cet extrait, le géant Kuruga, gravement blessé, s'est effondré devant nos héros. Ayant pitié de lui, Esteban et Zia donnent à Kuruga leurs rations d'eau. Après ces quelques minutes de repos, le géant repart dans le désert... sans eau, blessé, seul et pourchassé par sa tribu.


Dans la version originale japonaise, la musique donne au discours du personnage un ton très pathétique.
Mais ce n'est pas tout. On sent aussi que Kuruga est vraiment mal en point. Quand il se relève, ça lui demande clairement des efforts. Le réalisateur Hisayuki Toriumi insiste en le montrant par de longs plans, mais il le fait aussi entendre, le personnage produisant des sons plaintifs. D'ailleurs, Esteban s'en inquiète, lâchant un touchant "Kuruga ?".
Quant aux bruitages, on peut remarquer que les sons des pas de Kuruga qui s'éloignent sont clairement mis en avant. Ils montrent que le personnage a des difficultés pour marcher.
Son état de santé va poser problème, car il repart dans le désert sans eau, seul et pourchassé par sa tribu. 
En fait, tout dans cette scène (longueur des plans, musique, bruitages, dialogues) contribue à nous faire penser que le personnage va mourir.

Dans la version française, Kuruga tient globalement les mêmes propos qu'en japonais, mais avec une musique plus mystérieuse que triste. Le géant ne fait plus de sons plaintifs et Esteban ne s'inquiète plus des difficultés qu'il rencontre pour se relever. Même quand le personnage repart, ses bruits de pas hésitants sont masqués par la musique.
Ainsi, le spectre de la mort a quasiment disparu.


Le but des français était clairement d'atténuer au maximum la mort annoncée de Kuruga telle qu'elle est sous-entendue dans la version japonaise.











De nombreuses subtilités de la version japonaise ont été perdues dans l'adaptation française. Le traitement de la mort en fait partie.

A la semaine prochaine et n'hésitez pas à parler de ce blog autour de vous ou à me laisser des commentaires.

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